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vendredi 25 octobre 2019

Contrôles RATP

Soyez agent de contrôle à la RAPT







Vous êtes sans diplôme et vous aimez le contact et être très bien payé et respecté. La présidence de la région l’ile de France et le ministère du transport vous offre cette opportunité. Soyez agent de contrôle à la RAPT.
C’est donc 26 000 Euros nets/annuels et plus de 36 000 euros nets annuels la 3eme année qui vous attendent. Avec cette paye de cadre, la berline allemande vous sera accessible à crédit : mieux qu’un agent de police, qu’un gardien pénitentiaire ou qu’un professeur des écoles. Plus qu’un Conseiller régional dans une région de 2 millions d'habitants 

Clairement, est-ce que l’état signifie ici que l’argent est largement disponible pour de la répression contre des voyageurs a priori fraudeurs qui la plupart du temps circulent dans des conditions indignes par des nervis incultes grassement rétribués et protégés ?  Mais, non !


Sur le terrain, rien à voir avec la vidéo de présentation du poste montrant une dame habillée en vert prête à aider les bonnes gens perdus dans la tarification et les validations. On est tous en « civil » si bien que quand on monte dans une rame on dirait une descente de bande de banlieue ou des échappés de la Techno-parade.
On se pose des questions. C’est vrai : débouler à plusieurs en débardeur et en short, les bras et le cou couverts d’inscriptions en gothique, de têtes de morts, d’animaux menaçants et de signes religieux choque les usagers. 
Mais il parait que c’est mieux pour surprendre la sournoiserie des fraudeurs et pas du tout pour intimider. De toute façon, on est assermentés ; alors, il n’y a pas de risque d’embrouille.




Le problème, c’est que des resquilleurs, il y en a pas tant que çà. Comme une partie du salaire est versé en prime et que le montant dépend du « mérite », le mieux est de cibler une infraction mineure du style pas de validation du « voyage » et les pieds sur la banquette (surtout les jeunes). Sans compter les gens, principalement des étrangers, qui expérimentent les transports Parisien et qui comprennent rien à l’extrême complexité de la tarification que seule un lecteur électronique est capable de valider.
Dans le TRAM, il n’y a pas de portique ce qui fait qu’il y a toujours des étourdis qui oublient de passer leur Pass Navigo devant la borne de navigation.
Plutôt que d’inviter à valider séance tenante leur transport et même si il a déjà été validé sur un autre itinéraire, le « contrôleur » passe le titre valide sur un terminal amovible et fait constater qu’il n’a pas été validé devant la borne puis dresse un procès verbal express sur du papier au phénol. Il le facture 7 euros alors que le tarif affiché est de 5 euros et engrange ainsi des points pour sa prime. L’usager qui n’est pas ici un consommateur a payé son abonnement (75€/mois) plus une amende alors qu’il est en possession d’un titre valide, plus le « salaire » du fonctionnaire avec ses impôts et la taxe de transport sur son propre salaire (2.95% du salaire brut, environ 90 €).



Ce qui est bien, c’est que si l’usager rouspète et renâcle, au minimum 3 contrôleurs l’entourent (dont un ersatz de Bruce LEE) et appellent un officier de police pour qu’il donne l’autorisation d’interpeller le ou la contrevenante (généralement c’est une femme).  Mais bon, c’est de la perte de temps et le compteur de prime reste à Zéro. De plus, le policier est moins bien payé que le contrôleur, alors il n’est pas pressé de répondre. Dans ce cas, le mieux est de hausser le ton et d’humilier la personne par un discours moralisateur et des perspectives de rétorsion si bien qu’elle paye sur le lecteur de carte bancaire nomade dont les agents sont équipés.
C’est comme çà qu’ils ont opéré le 19/06 sur le T3 vers 15h30 à hauteur de porte d’Orléans.

Quoiqu’il fasse, le contrevenant ne peut se défendre sans risquer des réprimandes. Il n’a pas le droit de filmer pour faire preuve de comportement abusif, ni de faire acte de rébellion, de faire du bruit, etc… Il ne peut même plus faire des commentaires sur les procès verbaux.


LISTE DES INFRACTIONS RATP ET MONTANT DE L’INDEMNITE FORFAITAIRE APPLICABLE (extrait règlement usagers RATP)


INFRACTIONS TARIFAIRES
INDEMNITE  FORFAITAIRE
Carte Navigo non validée dans le bus ou le tram
5 €
Carte Navigo non validée dans le métro ou le RER
35 €
Titre de transport magnétique non validé
35 €
Titre de transport non valable
35 €
Tarif réduit non justifié
35 €
Prolongement de parcours
35 €
Titre de transport hors période de validité
35 €
Titre de transport non complété
35 €
Prolongement de parcours
35 €
Sans titre de transport
50 €
Titre de transport illisible/déchiré
50 €
Titre de transport déjà utilisé
50 €
Titre de transport composé incomplet
50 €
Titre de transport sans rapport avec la prestation
50 €
Titre de transport d'un tiers
50 € (+ confiscation)
COMPORTEMENTALES

Emprunt d'un sens interdit en zone contrôlée
25 €
Franchissement illicite
60 €
Actionnement signal d'alarme et/ou rupteur
60 €
Dépôt/oubli d'objet dans un véhicule/espace
60 €
Obstacle au fonctionnement d'équipement
60 €
Matière dangereuse / infectieuse
60 €
Objet dangereux ou incommodant dans une voiture
60 €
Arme à feu chargée dans une voiture
60 €
Introduction irrégulière d'animal
60 €
Transport irrégulier d'animal dans un véhicule
60 €
Traversée de voie
60 €
Entrave à la circulation des personnes
60 €
Stationnement abusif dans un espace
60 €
Entrave à la circulation dans une voiture ou un bus
60 €
Violation de l'interdiction de cracher
60 €
Occupation indue d'une place/espace réservé
60 €
Obstacle à la fermeture/ouverture irrégulière des portes
60 €
Passage irrégulier d'une voiture à une autre
60 €
Violation de l'interdiction de se pencher hors voiture/hors bus
60 €
Usage du marchepied d'une voiture en mouvement
60 €
Entrée/séjour d'une personne en état d'ivresse manifeste
60 €
Mendicité
60 €
Quête
60 €
Diffusion/distribution de tracts/d'objets
60 €
Prise de vues/film sans autorisation
60 €
Refus d'obtempérer
60 €
Trouble de la tranquillité
60 €
Manipulation interdite de produit dangereux
60 €
Détérioration
60 €
Entrave à la montée ou à la descente
60 €
Usage d'appareil ou d'instrument sonore
60 €
Occupation indue du poste de conduite
60 €
Montée ou descente irrégulière
60 €
Maintien dans un véhicule au terminus
60 €
Violation de l'interdiction d'uriner
60 €
Circulation interdite sur engin
60 €
Usage de véhicule comme engin de remorquage
60 €
Violation de l'interdiction de fumer
68 €
  

Des fois, il y en a qui entravent le contrôle en faisant perdre du temps. Ils payent en petite monnaie ou un gros billet, prennent les n° 6 des passagers témoins, notent les matricules, demandent les noms, enregistrent les conversations, appellent un témoin au téléphone, sont d’accord pour appeler la police.  C’est moche car ils empêchent ces fonctionnaires zélés de gagner leur vie. Là, vaut mieux laisser tomber la verbalisation.



Franchement, depuis 80 ans il n’y a pas meilleure condition de travail à part peut-être la sécurité présidentielle. Même si un jour les transports seront gratuits, il y a tellement d’interdit qu’il y aura toujours le moyen de gagner sa vie. Ce job convient parfaitement à celles et ceux qui aiment aider les gens à respecter les règlements à l’abri des reproches, car on peut faire des erreurs : on est humain. C’est mieux que de vendre des téléphones dans un comptoir de province. Il y a juste la honte à avouer son métier et son manque d’empathie à surmonter.

Evidemment, l’immense majorité du personnel des transports publics font tout leur possible pour  être agréable et plus encore : vous sauve la vie. Dommage qu’on ouvre par ailleurs les portes à autant de mesquinerie sous de fallacieux prétextes.



Un autre fois, le 12 août vers 15 heurs 30 sur la ligne 186 menant a Fresnes, 3 jeunes femmes montent dans le bus en faisant des remarques sur les passagers et s’adressent finalement à eux en signifiant un contrôle. Une est sympathique, l’autre taiseuse, la troisième infecte. 2 personnes sont en infraction : un jeune habitué du fait et une femme avec un bébé. La femme explique qu’elle est montée au terminal alors que le chauffeur n’était pas en poste, ce qui fait qu’elle n’a pas pu acheter un ticket. Elle est invitée à régulariser par l’infecte et échappe à l’amende. Le jeune explique que pour lui aussi, c’était la même chose ; il écope de 80 € d’amende, l’inscription de son nom et adresse dans un fichier et de menaces de rétention. Comme il implore de la clémence, la gentille prend une mine contrite et explique à haute voix  et en battant des cils qu’elle ne peut pas faire ça alors que d’autres paient sans faire d’esclandre.
A mesure que le bus avance les SMS crépitent sur les claviers des téléphones des usagers du bus pour avertir les diasporas du passage des « bleues ».
Malgré tout, un pauvre gars, la tête en compteur à gaz, en tongs, t-shirt et pantalon « survet » monte par l’arrière à Bicêtre. « Contrôle » dit la gentille. L’autre est un étranger slave et demande : « quoi tu vouloir ? ». C’est alors que les 3 mousquetaires s’aperçoivent qu’elles n’ont pas mis leur brassard : en principe les procès verbaux qu’elles ont dressés auparavant sont nuls.
Le gars comprend et explique qu’il sort de l’Hôpital que le bus dessert et qu’il rentre chez lui après s’être fait soigné et qu’il n’a aucun argent ni papier sur lui, rien d’autre que ses pauvres vêtements et son portable chinois.
Il écope derechef d’une amende de 180€ + 7 € de non validation et ensuite l’infecte lui indique qu’il va devoir la suivre au commissariat.
 « Pas problème » dit notre fraudeur avec un accent slave et montre son portable à l’infecte où il a fait mettre son nom et son adresse au cas où il serait perdu laquelle refuse de « toucher son écran » en prenant un air dégoutté. Il a l’air bien fatigué notre européen et indique « mal à la tête ». Nos contrôleuses n’en n’ont que cure et essayent de refourguer leur prise du jour au premier poste de police venu qui les envoie voir si il y a de la place ailleurs.
Pendant ce temps, une dame avec un foulard visiblement très faible avec un tout nouveau né se fait virer de sa place par un vieux  sans qu’elles trouvent à redire alors que les femmes accompagnés d’enfant sont devant dans l’ordre des priorités des sièges numérotés et comme elles sont fatiguées, elles s’assoient sur ces places réservées, l’infecte vautrée, les pieds sur le dossier de devant.
A mesure du trajet le bus se remplit mais elles ne bougeront pas de leur siège quelque soit le passager (vieux, femmes, handicapés, malades…) ni ne proposeront leur aide. Visiblement le quota est rempli car l’infecte a dit que ça le faisait.
Pendant ce temps, une personne s’installe à l’avant et signale discrètement à ceux qui n’ont pas de quoi se déplacer, ce qui ne manque pas sur cette ligne, de ne pas monter dans ce bus et d’attendre le suivant.
Voici donc un dispositif à 100 000 euros nets par an qui semble éradiquer efficacement l’énorme manque à gagner que cause la fraude dans nos transports.

Une question : comment fait-on pour rentrer dans un cinéma voir un film?
Réponse 1 : une ouvreuse à laquelle vous présentez votre billet est à l’entrée. Si votre billet n’est pas valable ou si vous n’en avez pas vous n’entrez pas et vous êtes invité à vous en procurer un.
Réponse 2 : plusieurs agents sont planqués, l’un derrière les portes battantes, l’autre sous la moquette, le troisième déguisé en faux spectateur affalé dans un fauteuil mangeant des vrais pop-corn et sautent sur les personnes qui entrent en criant « CONTRÔLE ». Si vous n’avez pas de billet, vous devez 70 fois le prix de celui-ci. Si vous n’avez pas de quoi payer ou si vous vous rebellez car vous trouvez cela violent, vous serez montrez comme fraudeur sur la place publique et irez en rétention. Un pourboire de 5 €  arrondi à 7 € est obligatoire en cas de contrôle.

La bonne réponse est … La 2 ! (si,si)