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mardi 20 juin 2023

Retour à MARSEILLE




Le petit train régional "ZOU" nous descend à bonne vitesse à travers la vallée de la Durance vers MARSEILLE (Ô bonne Mère) en passant depuis Manosque par les passages étroits et tunnels de Mirabeau récemment endommagés par des orages quotidiens. Puis l'unique voie s'élargit à partir d'AIX et on passe des bordures enrochées et plantées d'arbres avec quelques rares trouées laissant entrevoir la Durance et les monts couverts de garrigue qui l'enserrent, aux collines blanches et désertiques typiques de la région marseillaise.

Banlieue de Marseille

L'odeur de la mer mélangée avec celle des résineux emplit le wagon aux fenêtres grandes ouvertes. Ca sent alternativement le thym et la farigoulette, l'anis et la craie, le diesel et le poisson selon l'endroit que nous traversons: maquis, zone industrielle, grands ensembles, autoroute ou bord de mer. La proche banlieue n'est franchement pas terrible et nos cœurs se serrent en pensant à toute cette violence qui fait régulièrement l'actualité des quartiers de cette métropole.


ND de la Garde vue du train


Mais  au loin, dominant ce paquet inextricable de maisons et d'immeubles, apparait l'église de Notre Dame de la Garde, la Bonne Mère à tous qui veille sur la ville du haut de sa montagne. Instinctivement, quelque soit nos croyances (ou non), nous pensons nous mettre sous sa protection rassurante.



Le cri strident des freins sur les roues du train et l'attirance de notre poids vers l'avant nous indique l'éminence de l'arrêt du train à son terminal: La GARE SAINT CHARLES de Mareuseilleu*

* avé l accent local


La GARE SAINT CHARLES

Hé bé! té! Nous y sommes. L'endroit style empire est à l'image des grandes gares françaises: multitude de quais rectilignes sous une immense verrière et  hall grandiose où grouille une foule bigarrée. 

Sortons vite de cet endroit transformé en galerie commerciale dont les enseignes stéréotypées ornent les grandes gares et aérogares du monde entier. Et c'est le choc...


ND de la Garde vue de l'esplanade de Saint Charles

Nous voilà sur l'esplanade qui domine la ville. En face de nous, le ciel d'un bleu clair incomparable et à nos pieds la ville, poudrée de blanc d'où s'échappe une rumeur sourde. Dominant tout cela, omniprésente et éternelle, Notre Dame de la Garde sur son promontoire naturel. 


L'esplanade de la gare Saint Charles

Une odeur de fumée, de grillades, de pain chaud, de plantes aromatiques et aussi de terre mouillée et d'iode ajoute au plus complet des dépaysements. Ouaah! Marseille, ta beauté nous subjugue! 

Après un long moment d'extase passé accoudés à la balustrade, le regard aimanté sur le panoramique, nous nous dirigeons vers l'escalier monumental reliant la gare à la ville. De nouveau nos sens sont mis en émoi dans ce décor vertigineux. 


D'une largeur exceptionnelle cet édifice sans fin plonge dans la ville. De chaque coté il est est orné de chefs d'œuvres finement réalisées représentant des allégories en bronze (moisson, pêche, chasse, …) et aussi des continents jadis colonisés sous les formes de gracieuses représentantes se voulant typiques. 


Représentation coloniale de l'Asie de Botinelly

Cet harmonieux mélange architectural est totalement réussi et captivant si ce n'est le gout amer qu'il laisse au regard des peuples de ces grands continents rabaissés ici à l'image de femmes lascives de Louis Botinelly servies comme des mets au milieu de produits locaux. 


Le PORT


Marseille jtm
Le Port. Marseille, JTM!

Nous nous engouffrons dans cette grande artère qui plonge dans les entrailles de la ville pour arriver au vieux port. L'entrée dans le port est complètement obstruée par la circulation : bus, autocars, petit train, bagnoles, scooters, vélos et piétons; tout cela crée un mur grouillant et extrêmement bruyant d'où s'échappe quelques doux mots typiquement Marseillais dans les bouffées de gaz brulant des moteurs.

Le petit train devant la mairie du port:
 pour 9 € il vous fait faire le tour de Marseille sans lever le cul

Heureusement cette fureur ne dure que quelques mètres et on rejoint l'immense perspective des quais de pierre blanche complétement investis par un milliard de bateaux de loisirs à moteur. 

Le fort St NICOLAS

C'est la gare Saint Charles, mais pour les bateaux. Même décor grandiose, même mercantilisme, mêmes destinations touristiques sur des bateaux navettes. Il n'empêche que c'est M.A.G.N.I.F.I.Q.U.E. 


Les quais du Vieux port (mon bateau en 1er plan) ;)


Bon, couvre-chef , lunettes noires, bouteille d'eau et protection solaire triple zéro obligatoire car le soleil donne ici plus qu'ailleurs et avec la réverbération sur l'eau et l'inox de l'accastillage des bateaux les yeux et le corps en prennent rapidement un coup. 


Le coin des pros


Au milieu de tout cela persiste une vraie activité de pèche professionnelle avec des espaces réservés a cette activité.


MUCEM Musée des Civilisations de l'Europe et de la Méditerranée

Le musée MUCEM

L'intégrité du port est gardée par les forts Saint Jean et Saint-Nicolas. Ces 2 forts sont construits sur des éperons rocheux qui ferment naturellement le port. On peut accéder au fort Saint Jean par le haut grâce à une passerelle rectiligne en deux parties qui vous emmène au Mucem jusqu'à présent invisible depuis le vieux port puisque caché  par cet édifice.

Planté sur une grande esplanade apparait cette grande boite grise ajourée à la façon de ces boites à bijoux qu'on trouve dans les bazars orientaux. Bien que ces dimensions soient hors norme, sa position sur l'immense champ de pierres blanches arasées que constitue la gigantesque esplanade quasiment nue sur laquelle elle est posée, la font paraitre plus petite qu'elle n'est en réalité.


Le MUCEM vu de la mer


Malheureusement, il nous fut impossible de le visiter car il faut prendre rendez vous comme pour les attractions Disney. C'est mieux ainsi;  faire la queue sur le désert minéral qu'est son esplanade est se condamner au pire des supplices sous le soleil du MIDI.

Nous faisons le tour de cet étonnant bâtiment au pas de course. Il faut dire que le regard a vite fait l'observation de sa forme minimaliste et de sa structure préfabriquée et que la chaleur devient insupportable.


La MAJOR (Sainte-Marie-Majeure)


            

Le flot de touristes observe de loin ce MUCEM surexposé à l'allure de four à micro-ondes stylé attirés comme des fourmis par la promesse de miellat qu'évoque la plastique incomparable de la MAJOR, la cathédrale Sainte-Marie-Majeure.

C'est vrai qu'elle se remarque de loin par ses dimensions et ses formes généreuses et la vue dégagée sur l'embarcadère des  Ferries et paquebots.

Quel heureux et génial à-propos entre le célèbre Nounours en gélatine "oversizé" si finement exécuté en résine et le contour massif de la Majeure. Il y a matière à méditation...

On dit qu'elle a été construite sur d'autres cathédrales plus anciennes et que quelques restes de ce passé ont été conservés dans le monument actuel. De style byzantin comme le souligne ses arcs alternant pierres colorées vertes ou rouges (porphyre) et blanches (marbre, calcaire), l'actuel bâtiment date de Napoléon III.

Fourmilière ou termitière, un flot ininterrompu de visiteurs et de fidèles rentre et sort  par l'imposant porche. 

La "MAJOR"

L'intérieur est magnifique, orné de mosaïques du sol au plafond avec de multiples chapelles autour de la nef où, non sans émotion, nous voyons les Marseillais et visiteurs  faire leurs dévotions à Marie Major.



La VILLE


Si on quitte le bord de mer et les grandes artères, les rues deviennent étroites, parfois d'une largeur à peine suffisante pour faire passer une voiture. Ca monte, ca descend, Marseille n'a pas la platitude d'autres capitales et, pour cela, ressemble beaucoup aux villes de la COTE D'AZUR fondées sur un littoral étroit dominé par un relief montagneux. 

Marseille, vue de la colline de NDDLG, avè les pitchounes qui redescendent après la visite


Cela donne une grande beauté à cette métropole grâce aux perspectives qu'elle offre sur ces promontoires ou bien au ras de l'eau.


Le vieux Marseille : le panier

Cependant, les quartiers que nous avons traversés  souffrent d'une grande précarité et ce que les touristes réjouis que nous sommes considèrent comme typique pourrait bien être un quotidien restreint et contraint par le manque de moyens. 

Les Bains Douches 

D'ailleurs, l'accent mis sur l'aspect touristique, l'édification à grands frais de bâtiments qu'on voudrait prestigieux et la mise sous globe des sites historiques ne servent ils pas à flatter les gouvernances et servir les intérêts d'une élite?  

Les grafs de Marseille

Vue la différence entre la grandiloquence des monuments publiques face à la rudesse d'une grande partie de l'habitat, on pourrait se demander si la maigreur constatée de la population Marseillaise y logeant n'est pas la conséquence de celle des idées des gestionnaires urbains.


NOTRE DAME DE LA GARDE



Le bus N° 60 nous conduit sur la pente raide et étroite menant  à l'église. Nous ne sommes jamais montés là-haut. Le chauffeur est un expert: il circule du bout des doigts à travers un méli-mélo de voitures, de scooters, de piétons, de poubelles et de barrières à travaux sans un signe d'énervement, sans un à-coup, frôlant les obstacles, passant au raz des précipices. Le chauffeur me l'a dit sans fausse modestie: "Les chauffeurs Marseillais sont les meilleurs du monde". 

GOOAAALL!

Tel le grand serpent piétiné par la Vierge, le raidillon remplaçant le funiculaire jadis en service est maintenant derrière nous et au sommet de sa tour le petit Jésus nous accueille, les bras grands ouverts, exultant comme si l'OM venait de marquer un but.



Le point de vue est époustouflant: on voit toute la ville jusqu'au mont Ventoux. Le bleu de la Méditerranée s'étale jusqu'à l'horizon . il est impossible de fixer son regard, tant de choses sont à contempler. Marseille, comme tu es grande!



Les dimensions de l'église sont moins impressionnante que celles de la "MAJOR" mais le style reste le même. Par contre, sa répartition par étage à cause du relief est très originale et pleine de surprises.


La Bonne Mère

Nous entrons dans la basilique par la crypte. Malgré le monde et 2-3 "red neck" se croyant à "rocky mountain" chez Disney, l'ambiance est recueillie et les téléphones restent en bas devant la statue de la Bonne Mère montrant son enfant se détachant dans la pénombre. L'émotion se lit sur les visages et les regards embués . 
Non loin, une statue réaliste grandeur nature représentant le cadavre du Christ ajoute à l'oppression de l'enfermement du caveau.

Un escalier monte à l'étage mercantile ou un restaurant et des magasins de souvenir satisferont les plus fortunés et des toilettes soulagerons les vessies.

Le coeur de NDG avec ses bateaux

Encore quelques marches et nous entrons dans le cœur. Il est incroyable, mystique. Sur les bancs, des fidèles en pleine ferveur prient tandis qu'un ruban ininterrompu de curieux défilent silencieusement devant l'autel au-dessus duquel trône la Madone. Impressionnant!



RETOUR

Et voilà, il est tard il faut rentrer. Le temps d'un café en terrasse chez d'aimables commerçants parlant sans accent et nous voilà dans le bus du retour. Un crétin sans gène s'est garé sur des clous en plein virage empêchant aux bus de sortir la gare routière  et bloquant les pompiers en pleine intervention; tout cela pour ne pas payer le parking...

Dans nos têtes défile le film de la journée. Aujourd'hui encore les images apparaissent avec précision. Mais nous n'avons pas tout vu, tout senti, tout ressenti. Marseille... ? I'll be back, peuchère!